Jean Raymond est né en 1977, il vit et travaille au Tampon - Ile de La Réunion.

Artiste pluridisciplinaire, plasticien et commissaire d'exposition, membre du collectif A minuit le soleil, il a participé en tant qu'artiste ou curateur à de nombreuses expositions sur l'île.

Ses œuvres font partie de la collection de la Région Réunion et du centre d'arts de la Ville de Saint-Pierre.

Il est diplômé en arts plastiques de l'Université Panthéon Sorbonne.

 

 

Esquisses pour une fuite

 

Un pan de mon travail de dessin s’inscrit pleinement dans le territoire réunionnais, indo-océanique : mes dessins sont souvent des tentatives fantasmées d‘ex-île, petites échappatoires poétiques du territoire insulaire, ou des traces de ce lien que j’entretiens avec lui. A l’instar de Raymond Depardon qui affirme que la seule façon de raconter le monde est de le faire en se racontant soi-même [1], mes productions sont clairement mues par l’expérience personnelle d’un paysage donné. 

J’utilise souvent l’aquarelle pour ses qualités plastiques ; aussi parce que l’eau, prégnante dans le contexte insulaire, est essentielle à sa mise en œuvre. Je fais également le choix de laisser une place prépondérante au blanc dans la feuille, en lien avec le « yubaï », pratique chinoise décrite par Augustin Berque [2], destinée à convier l’imagination du spectateur dans l’espace.

CORPUS

 Patrick Tosani, Philippe Ramette, Ryuta Amae, Jordi Colomer, Gordon Matta-Clark, Felix Gonzalez-Torres, Alighiero Boetti, Emma Kay, Richard Long, Christoph Fink, Till Roeskens, Mathias Poisson, Katrin Sigurdardottir, Yona Friedman, Esther Hoareau.

 [1] Michel Guerrin, Raymond Depardon, Photo Poche, Editions Nathan, 1999

[2] Augustin Berque, Les raisons du paysage, Paris, Editions Hazan, 1995, p71

 

Crises d'autophagie

Plusieurs séries ont par ailleurs été réalisées autour de la notion d'autophagie, en grec se manger soi-même. En biologie cellulaire, l’autophagie désigne la destruction de certaines cellules par elles-mêmes au profit d’autres cellules. Elle est déclenchée dans le cas d’une progression tumorale par exemple, mais aussi plus simplement chez l’enfant qui vient de naître et qui ne retrouve pas dans le lait maternel ce dont il disposait dans le placenta.  A l’échelle de l’homme, cela revient à se manger un bras pour survivre. Au sens figuré, il s’agit de sacrifier une partie de soi (un souvenir, un rêve, une envie, une capacité,…) au profit d’une autre partie de nous-même ou du tout que nous formons.

L’autophagie est un phénomène cellulaire mais on en trouve la trace dans quelques autres domaines :

- Dans le champ de l’Histoire de l’art : l’expression « autophagie créatrice » dans l’essai de Françoise Mèredieu [1] sur la capacité d’Antonin Artaud à dévorer ou sacrifier certaines parties de soi-même pour continuer à écrire et dessiner ;

- Dans le champ de la psychiatrie et de la psychanalyse (automutilation) ;

- Dans le champ de l’actualité économique et sociale [2].

[1] Françoise de Mèredieu, Antonin Artaud, portraits et gris-gris, 2008, éd. Blusson

[2] Denis Duclos sur l’autophagie du système capitaliste, Le Monde diplomatique, 9 avril 1996